Amel voit sa vie bouleversée lorsque son propriétaire lui demande de quitter l’appartement qu’elle occupe avec sa famille. Face à la menace de perdre son logement et aux visions étranges de sa fille Mouna, Amel doit réinventer sa vie pour garder sa place dans les beaux quartiers.
Charles Martel arrêta les Arabes en 732 à Poitiers ». Pourquoi cette bribe de cours d’histoire de CM1 reste-t-elle un souvenir aussi vivace chez moi et chez tant d’autres qui, à l’époque, s’étaient sentis « visés » par cette date apparemment charnière de l’histoire de France ? Je me souviens d’un sentiment de malaise, et même de culpabilité ! J’en ris facilement aujourd’hui mais, avec le recul, je crois que c’était la première fois que je réalisais que j’étais une arabe en France. À l’époque, je ressentais le racisme (sans vraiment le nommer) à travers la télévision, les sketchs de certains humoristes, la fameuse chanson de Lagaf’ (« La Zoubida »), la montée du Front national, la guerre du Golfe, le « bruit et l’odeur » de Chirac, l’affaire Omar Raddad… mais je crois que ces quelques mots ont eu un impact encore plus fort…
Pendant l’écriture du scénario, j’ai contacté William Blanc, un historien, spécialiste de la figure de Charles Martel. Lors de nos discussions, j’ai découvert que l’histoire était beaucoup plus complexe et que nous avions affaire avant tout à un mythe. Je me suis donc retrouvée avec deux personnages dont l’identité est emprisonnée par un récit. De là est venue l’idée de le faire passer de l’ennemi à l’ami imaginaire.
Le film traverse les sujets du déracinement, du racisme, des discriminations. Mais je les aborde avec humour et distance. Je n’éprouve pas le besoin de me cacher derrière l’esprit de sérieux pour légitimer mon travail. Je vois l’humour comme un outil de résistance incroyable, une façon d’affirmer sa supériorité sur ce qui nous arrive, pour reprendre Romain Gary.
Je refuse de filmer des personnages acculés ou écrasés. Je veux, au contraire, leur offrir des voies d’émancipation. C’est dans cette forme ample, teintée d’humour et de fantaisie, qu’ils ont cette puissance d’agir. »