Dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris, des adolescent·es tentent de se construire, tandis que des adultes, malgré les difficultés du système, essayent de les guider.
Pour la réalisatrice, tout commence par une immersion totale dans le lieu qu’elle filme. Dès le départ, elle fait le choix de ne pas être une observatrice distante. Elle veut devenir une partie intégrante du quotidien. Sa caméra est visible et assumée. Par sa présence constante, la caméra a créé des interactions variées : un espace de jeu pour certain·e·s, une occasion d’exploration pour d’autres, et parfois même un oubli total.
Afin de renforcer ce lien, la réalisatrice a aussi instauré des moments hebdomadaires de création avec les jeunes. Ces ateliers, proposés sur la base du volontariat, n’avaient pas d’objectif de performance. Elle voulait qu’ils ouvrent un espace d’expérimentation et de partage. À travers ces moments, elle s’est placée à la fois comme une figure de transmission et comme une participante à part entière.
De cette immersion sont nés trois espaces filmiques qui s’entrelacent tout au long du film : le cinéma direct, les moments particuliers et les espaces de confidence.
Le cinéma direct constitue la colonne vertébrale du film. Il s’agit de scènes où la caméra suit les jeunes dans leur quotidien. Elle capte la richesse de leurs interactions, leurs liens, et la manière dont chacun·e se construit. Ce fil narratif offre une structure, un rythme ancré dans le présent, et reflète le trajet des jeunes dans leur environnement.
Les moments particuliers, quant à eux, émergent souvent des ateliers organisés par la réalisatrice. Ces instants suspendus s’éloignent du flot du quotidien pour explorer des fragments plus intimes ou symboliques : un regard, un geste, une lumière particulière. Ces moments ouvrent une fenêtre sur l’indicible, sur ce mystère propre à l’adolescence. Ils permettent à la réalisatrice de souligner ce qui échappe à la simple observation, en touchant à une dimension plus universelle et poétique.
Enfin, les espaces de confidence ajoutent une autre profondeur. Ces séquences, où les jeunes prennent la parole, sont le fruit d’une relation de confiance construite au fil du temps. Ici, iels ne se contentent pas de « parler » mais expriment quelque chose d’essentiel sur elleux-mêmes. Ces paroles font écho aux scènes de cinéma direct et enrichissent les moments particuliers en dévoilant ce qui restait implicite.
Cette démarche reflète ce qu’Hélène Milano dit avoir essayé de faire : créer un film où chacun·e peut exister pleinement et où la richesse des trajectoires individuelles émerge au fil des interactions. C’est une vision qu’elle détaille dans le dossier de presse, mais la question reste ouverte : celles et ceux qui ont vu le film ont-iels perçu cette intention, cette vision ?