Durée
2H14
Année
2025
realisation
Dea Kulumbegashvili
Production
Ilan Amouyal, Archil Gelovani, Luca Guadagnino, Francesco Melzi d'Eril, Gabriele Bebe Moratti, Alexandra Rossi, David Zerat
Scénario
DEA KULUMBEGASHVILI
Pays/Langue
Géorgie
Accusée d’avortements clandestins après la mort d’un nouveau-né, Nina, gynécologue, doit défendre son engagement tout en continuant à soigner dans un climat hostile.
Quand Dea Kulumbegashvili a tourné son premier film, elle a réalisé un casting d’enfants. Iels étaient accompagné·es de leur mère. Des femmes souvent chargées d’élever six ou sept enfants. Elles ne savaient ni lire ni écrire et se trouvaient dans l’incapacité de transmettre d’autres perspectives à leurs enfants. La réalisatrice voyait un cercle vicieux se répéter. Or, la maternité devrait être un choix éclairés. Le droit à l’avortement et à la contraception devraient être inaliénables, et non remis en question comme ils le sont aujourd’hui dans de nombreux pays tels que les États-Unis, la Pologne ou l’Italie.
En Géorgie, l’avortement est légal jusqu’à douze semaines mais les cliniques peuvent décider de ne pas le pratiquer. De même, la pilule contraceptive est autorisée mais demeure pratiquement introuvable, notamment dans les hôpitaux ruraux. Selon la réalisatrice, l’accès aux soins pour les femmes varie fortement entre les zones rurales et urbaines. « J’ai grandi dans un village de la région où j’ai tourné mes deux longs métrages. Quand j’y retourne, je me rends compte que la situation n’a quasiment pas évolué depuis des décennies, et que certaines choses ont peut-être même empiré. Il ne s’agit pas seulement d’une vision conservatrice ou patriarcale de la vie, ni d’une question de religion, même si le christianisme orthodoxe est profondément implanté en Géorgie. Les causes sont multiples. Le niveau d’éducation est extrêmement problématique. »
Face à ces constats, Dea Kulumbegashvili a voulu agir à sa manière. Son cinéma devient un outil pour créer du lien et offrir des opportunités.
Dea Kulumbegashvili a décidé de tourner son deuxième film dans la même région que son premier. À cette occasion, elle a retrouvé de jeunes habitants qui avaient participé à son premier long-métrage, accompagnés de leurs frères et sœurs plus jeunes. Elle leur a donc donné une place dans son film de deux manières : certains personnages s’inspirent directement des personnes qu’elle a rencontrées dans ces villages, et elle les a aussi impliqués dans le processus de création. Iels ont visité le plateau et ont assisté au tournage de certaines scènes, lorsque le contenu le permettait. « Je voulais qu’ils participent au processus, car à mes yeux, il ne s’agissait pas uniquement de faire un film. C’était aussi une opportunité pour eux de découvrir un monde différent et d’imaginer de nouvelles perspectives d’avenir. »
À travers son film April, Dea Kulumbegashvili souligne la réalité difficile des femmes vivant dans les zones rurales de Géorgie. L’accès à l’éducation est limité. Les possibilités d’une sexualité libre et éclairée sont restreintes. Le cycle de la pauvreté ainsi que des mariages précoces se perpétuent. Dea Kulumbegashvili espère que « même si l’histoire du film est très ancrée localement, j’aime à penser que les spectateurices pourront facilement s’identifier aux personnages, car le film aborde des valeurs universelles qui sont malheureusement menacées aujourd’hui aux quatre coins du monde. »